Comment l’école prépare-t-elle ses étudiants à passer du statut de « bon élève » à celui de « professionnel » ? Notre dossier du mois décrypte les rouages de cette mutation, développée par l’établissement et recherchée par les étudiants et les employeurs.
Nul n’étant prophète dans son pays, commençons par un paradoxe que Gilles Bertrand, directeur des études de 2e cycle de Sciences Po Bordeaux, relate avec franchise. « Alors que tous les chiffres attestent de l’employabilité de nos étudiants, ces derniers s’inquiètent de leur capacité d’insertion professionnelle. Ils ont parfois le sentiment que les connaissances acquises – dont ils reconnaissent les qualités intrinsèques- ne sont pas adaptées au marché de l’emploi. Or, c’est tout l’inverse qui se produit. Les entreprises qui recrutent nos étudiants louent justement leur profil. Ce qui leur semble être une faiblesse constitue leur principale force ! ». Autrement dit, l’institut ne forme pas des techniciens experts mais des professionnels dont l’approche pluridisciplinaire répond plus que jamais aux besoins d’encadrement de la fonction publique, des entreprises publiques et privées, et des organisations non gouvernementales.
Savoir-être et savoir-faire
Comment expliquer alors ce différentiel entre les compétences perçues et celles acquises ? « Nos élèves sont comme Monsieur Jourdain. Ils ne prennent pas forcément conscience qu’ils se professionnalisent année après année, dans un continuum qui monte en puissance à partir du second cycle. Ce dernier prend sa pleine mesure en 2e année de master » poursuit Gilles Bertrand, par ailleurs responsable du master Politique internationale et chercheur au Centre Émile Durkheim. Le directeur des études du 2e cycle met en avant auprès des étudiants deux dimensions de la professionnalisation. « Celle-ci passe d’abord par un comportement et un état d’esprit : aller en cours, être à l’heure, rendre ses travaux le jour J à l’heure H. Bref, acquérir de la rigueur…professionnelle ! ». Quant au savoir-faire, l’enseignement de Sciences Po Bordeaux se traduit par des aptitudes recherchées par les employeurs qui font leur marché à la sortie des instituts d’études politiques : comprendre les nouveaux enjeux politiques, économiques, sociaux ou environnementaux ; savoir rechercher des informations, les analyser, en faire la synthèse et les présenter ; démontrer des qualités d’écriture et d’expression orale ou encore savoir monter des projets concernant une multitude d’acteurs et recoupant diverses problématiques à l’heure où l’économie n’a jamais été aussi collaborative.
Des stages à l’alternance en passant par les projets tutorés
Depuis le passage de la scolarité à 5 ans, Sciences Po Bordeaux s’est engagé dans une professionnalisation accrue. Celle-ci se traduit par une offre très large de masters, au nombre d’une vingtaine. Parmi ceux, certains collent aux attentes du marché, comme Gouvernance de la transition écologique ou Économie sociale et solidaire et innovation sociale. D’autres s’inscrivent dans une logique à plus long terme, comme les masters de recherche par exemple. Leur maquette pédagogique évolue régulièrement, avec l’apport de nouveaux enseignements qui viennent en remplacer d’autres. « Nous sommes à l’écoute des étudiants, des anciens élèves, des employeurs et des responsables de masters pour affiner au mieux notre offre de cours » précise Gilles Bertrand, qui n’a pas hésité à intégrer un cours sur la cybersécurité pour sensibiliser ses propres étudiants à cette thématique ô combien d’actualité. Le recours à des intervenants spécialisés – de manière très marquée en dernière année du cursus - participe aussi à la professionnalisation des étudiants. En master, la mise en pratique des connaissances acquises se vérifie aussi à travers des projets tutorés, véritables mises en situation professionnelle. Il s’agit de commandes réelles émanant d’organisations partenaires dont l’activité est en lien avec la spécialisation sur lesquelles les étudiants planchent en groupe. Ce travail donne lieu à des suivis réguliers, la réalisation d’une étude approfondie et à une restitution devant « le client », à l’instar des prestations de cabinets de conseil. L’école, qui incite depuis de nombreuses années ses élèves à effectuer des stages dès le premier cycle, a ouvert quatre de ses masters à l’apprentissage en 5e année. Au regard de la satisfaction des étudiants et des employeurs, ce nombre devrait croître dans les années à venir. Autant de vecteurs de professionnalisation en lien avec les études suivies.
La professionnalisation dans et hors les murs
La professionnalisation à Sciences Po Bordeaux se propage aussi grâce aux nombreuses opportunités offertes aux étudiants de participer à tel ou tel événement ou de s’impliquer dans telle ou telle initiative. On citera pêle-mêle la tenue de conférences métiers, les Rencontres Carrières ou encore les préparations des Rencontres Sciences Po Bordeaux / Sud Ouest. On s’attardera aussi sur l’engagement des étudiants dans les associations de l’école, nombreuses et diversifiées. À ce titre, la Direction accompagne les responsables de ces structures et les incite à professionnaliser leur action : déclaration en Préfecture, établissement d’un bilan moral et financier, respect des valeurs de l’établissement, communication et coordination avec les autres associations, etc. Une exigence à laquelle Ausone Conseil – la Junior Entreprise de l’école - est rompue. Avec 11 années d’expérience, près de 160 études réalisées, 22 membres actifs pour la seule année en cours et un site internet à part entière, son « professionnalisme » n’est plus à démontrer. Et si vous doutez encore de la professionnalisation à Sciences Po Bordeaux, il vous suffit d’interroger des anciens élèves pour mesurer combien ils ont « appris à devenir pro » pendant leur vie étudiante grâce aux activités « hors les murs » de l’établissement. Un savoir-faire valorisé par les étudiants sur leur CV. L’occasion à ce titre de souligner le rôle majeur de notre pôle Carrières & Partenariats que tous les étudiants connaissent et fréquentent. Ce sas, qui gère notamment le service des stages et le réseau des anciens élèves, participe au premier chef à l’émancipation professionnelle des élèves et les accompagnent sur le chemin de l’emploi !
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